lundi 25 octobre 2010

Larry Clark : Interdit aux moins de 18 ans.

Lors de ma visite de la première rétrospective française de l’artiste américain Larry Clark  organisée au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, la première chose qui me soit venue à l’esprit est de me demander qu’est-ce qui poussait les gens, les vieux comme les jeunes, à se déplacer en masse pour cette exposition ? Est-ce pour la fascination que peuvent susciter les images crues, de sexe, de drogue, de violence ou de mort, choses à laquelle le public serait évidemment confronté en allant voir Larry Clark? Ces thèmes sont inévitables lorsqu’on évoque la jeunesse désoeuvrée américaine, ou est-ce du à la montée du buzz médiatique provoquée par l’interdiction  de cette exposition aux moins de 18 ans ? Depuis l’affaire juridique opposant les organisateurs de l’exposition Présumé innocents au CAPC de Bordeaux, qui proposait de traiter du thème de l’enfance et l’art contemporain, et l’association La Mouette de protection de l’enfance, les institutions publiques demeurent craintives. En interdisant l’exposition de Larry Clark aux mineurs, la ville de Paris semble vouloir se prémunir contre une future mise en justice. Cette décision est regrettable dans la mesure où elle apporte du crédit aux réactionnaires qui contribuent à maintenir la morale au détriment de l’art et de la liberté d’expression. Cela est d’autant plus vrai, que cette exposition devrait s’adresser en priorité aux adolescents. En effet, même si elle peut paraître choquante, ce qui n’est pas complètement inutile lorsqu’on parle aux jeunes, l’efficacité des différentes campagnes de la Sécurité routière l’ont démontré maintes fois, cette exposition leurs propose d’être confronté sans tabou aux préoccupations qui les touchent directement et ne les laisseraient sans doute pas indifférents. Cette interdiction m’apparaît encore plus ridicule, car les adolescents sont de plus en plus en contact avec des images violentes et pornographiques. Avec Internet, elles font presque parties de leurs quotidiens. Dès lors, je me demande si cette interdiction n’a pas été décidée uniquement pour exciter les médias et provoquer le buzz indispensable pour attirer la foule. 


D’ailleurs, le public qui s’y rend uniquement pour voir ces images si dérangeantes qu’elles ont été interdites aux mineurs, seront déçus par la première salle. Désabusés, ils se retrouveront devant des portraits de bébés ou des mises en scène ridicules et risibles de chiens et chats. En effet, l’artiste a choisi pour la première fois de présenter les travaux de sa mère. Ces clichés stéréotypés de la bourgeoisie américaine des années cinquante ont la vertu de bien introduire son propre travail. Dans un élan de révolte et d’insoumission, Larry Clark s’est sans doute rebellé contre la complaisance si chère aux travaux de sa mère et à la société américaine.


Cette exposition a le mérite de nous faire découvrir le travail de cet artiste-cinéaste plus connu pour ses films que ses photographies. Justement, l’intérêt de cette rétrospective qui couvre plus de quarante ans du travail de Larry Clark, réside dans ce parallèle entre le médium photographique et celui du film. La photographie, jouant avec la série et la répétition, emprunte ici la puissance de l’image en mouvement. Ceci apparaît de manière évidente avec l’immense oeuvre  Larry Clark 1992 dans laquelle on voit une multitude de photographie prises en studio, rapidement, les unes après les autres, d’un même modèle, qui dans un élan suicidaire s’ouvre les veines. Les images très fortes et choquantes semblent défilées sous nos yeux comme dans un film. 


Je tiens à rassurer les jeunes fans de Larry Clark, âgés de moins de 18 ans, qui ne pourront pas se rendre à l’exposition que, si celle-ci nous fait découvrir son travail de photographe, elle n’apportent rien de plus à la compréhension de son univers, particulièrement à ceux qui connaissent ces films. Aussi, je conseillerais aux adolescents mineurs, à ceux qui n’aiment pas la foule et tout  simplement à ceux qui veulent découvrir Larry Clark, de louer ses films qui ont fait sa célébrité, notamment Kids (1995) ou Ken Park (2000), ils découvriront avec beaucoup plus d’intensité les travaux de cet artiste phare de la contre-culture américaine.


Larry Clark Kiss the past hello 
Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris/ARC
Jusqu'au 2 janvier 2011
Arturo

mercredi 13 octobre 2010

Murakami VS Louis

Pour ou contre?
Après avoir choisi votre camp : vous pouvez signer la pétition pour voir Murakami et Cie quitter Versailles, ou signer la contre-pétition pour les voir rester au Château. Tout ça a comme un petit air de déjà vu. Votez 1 pour sauver Murakami et 2 pour qu'il quitte l'aventure du Château! Il manquerait plus que Nikos anime le débat et on s'y croirait presque.
Cela ne vous rappelle pas également : la querelle des anciens et des modernes, les pour ou contre l'art contemporain?
A qui profite le crime? Sans nul doute à Versailles.
Mais tout ce débat sur les expositions d'art contemporain à Versailles va plus loin que ça.
Assurément, Murakami est bling-bling, kitsch ou néo-kitsch. Si l'on devait examiner les positions de l'artiste et de ses œuvres sûrement ne trouverions nous pas grand chose à se mettre sous la dent. Il est un des artiste les plus représentatifs de la dérive financière de l'art, de la médiatisation outrancière et de la perte du sens.
Pourtant le mélange fonctionne bien. Murakami dépoussière le Versailles historique et ses sculptures s'accordent avec les « versailleries » avec énergie. Tous deux très fastes, exubérants dans leur esthétique se complètent bien, sans toutefois créer un vrai dialogue. Versailles reçoit un coup de jeune, tandis que Murakami bénéficie de l'assise historique et majestueuse du lieu. En ce sens, c'est réussit, il n'est pas toujours évident que dès lors que l'on expose de l'art dans un lieu patrimonial cela profite au deux.
En attendant de voir le résultat de l'insertion de l'univers de Maurizio Cattelan à Versailles en 2011, qui semblerait être le prochain. Affaire à suivre.

Jusqu'au 12 décembre
Ouvert du mardi au dimanche de 9h00 à 17h30 ou 18h00


Takashi Murakami, Flower Matango, 2001, Galerie des Glaces, Versailles
Copy right Gilles Thuyens. EPV
Mona